Mise
à jour du 6 octobre 2011 : en rédigeant cet article il y a 3ans et
demi, je n’imaginais pas à quel point ce discours allait me suivre dans
ma vie : ses mots, son message, son inspiration. Je l’ai lu. relu.
écouté. ré-écouté. Il y a 3 ans et demi, je n’imaginais pas non plus à
quel point la disparition de cet homme allait me toucher, me marquer.
Une page se tourne. A vous d’écrire d’écrire la suivante. Terminons
juste sur cette citation : « Don’t be sad because it’s over. Smile
because it happened. » – Dr. Seuss
——
J’ai
(re)découvert hier la vidéo d’un discours qu’a réalisé Steve Jobs, le
CEO d’Apple, lors de la remise de diplôme de l’université américaine
Stanford en 2005. J’avais déjà vu un extrait de ce discours il y a
quelques temps mais j’ai pris le temps de l’écouter en entier sur le
blog d’Ouriel qui n’hésite pas à le qualifier comme l’un des meilleurs
discours qu’il n’ait jamais entendu à l’intention de jeunes
entrepreneurs. Je suis fan de Steve Jobs.. depuis toujours. J’ai lu
plusieurs livres sur sa vie et son empire et je dois dire que c’est un
homme fascinant. Il semble être autant redouté par ses équipes que
visionnaire dans ses idées. Ce discours est vraiment bon, remplie
d’humanité, d’expérience et représente une vraie source d’inspiration
pour tous.Je vous invite donc à prendre 14 minutes de votre journée pour
juste écouter ce morceau de vie de Steve Jobs.
Pour
ceux qui aurait quelques difficultés avec la langue de Shakespeare, je
vous ai déniché la retranscription intégrale de son discours en français
:
« C’est un honneur de me trouver parmi
vous aujourd’hui et d’assister à une remise de diplômes dans une des
universités les plus prestigieuses du monde. Je n’ai jamais terminé mes
études supérieures. A dire vrai, je n’ai même jamais été témoin d’une
remise de diplômes dans une université. Je veux vous faire partager
aujourd’hui trois expériences qui ont marqué ma carrière. C’est tout.
Rien d’extraordinaire. Juste trois expériences.
« Pourquoi j’ai eu raison de laisser tomber l’université »
La première concerne les incidences imprévues. J’ai abandonné mes études au Reed College au bout de six mois, mais
j’y suis resté auditeur libre pendant dix-huit mois avant de laisser tomber définitivement. Pourquoi n’ai-je pas poursuivi ?
Tout
a commencé avant ma naissance. Ma mère biologique était une jeune
étudiante célibataire, et elle avait choisi de me confier à des parents
adoptifs. Elle tenait à me voir entrer dans une famille de diplômés
universitaires, et tout avait été prévu pour que je sois adopté dès ma
naissance par un avocat et son épouse. Sauf que, lorsque je fis mon
apparition, ils décidèrent au dernier moment qu’ils préféraient avoir
une fille. Mes parents, qui étaient sur une liste d’attente, reçurent un
coup de téléphone au milieu de la nuit : « Nous avons un petit garçon
qui n’était pas prévu. Le voulez-vous ? » Ils répondirent : « Bien sûr. »
Ma mère biologique découvrit alors que ma mère adoptive n’avait jamais
eu le moindre diplôme universitaire, et que mon père n’avait jamais
terminé ses études secondaires. Elle refusa de signer les documents
définitifs d’adoption et ne s’y résolut que quelques mois plus tard,
quand mes parents lui promirent que j’irais à l’université.
Dix-sept
ans plus tard, j’entrais donc à l’université. Mais j’avais naïvement
choisi un établissement presque aussi cher que Stanford, et toutes les
économies de mes parents servirent à payer mes frais de scolarité. Au
bout de six mois, je n’en voyais toujours pas la justification. Je
n’avais aucune idée de ce que je voulais faire dans la vie et je
n’imaginais pas comment l’université pouvait m’aider à trouver ma voie.
J’étais là en train de dépenser tout cet argent que mes parents avaient
épargné leur vie durant. Je décidai donc de laisser tomber. Une décision
plutôt risquée, mais rétrospectivement c’est un des meilleurs choix que
j’aie jamais faits. Dès le moment où je renonçais, j’abandonnais les
matières obligatoires qui m’ennuyaient pour suivre les cours qui
m’intéressaient.
Tout n’était pas rose. Je n’avais pas de chambre
dans un foyer, je dormais à même le sol chez des amis. Je ramassais des
bouteilles de Coca-Cola pour récupérer le dépôt de 5 cents et acheter de
quoi manger, et tous les dimanches soir je faisais 10 kilomètres à pied
pour traverser la ville et m’offrir un bon repas au temple de Hare
Krishna. Un régal. Et ce que je découvris alors, guidé par ma curiosité
et mon intuition, se révéla inestimable à l’avenir. Laissez-moi vous
donner un exemple : le Reed College dispensait probablement alors le
meilleur enseignement de la typographie de tout le pays. Dans le campus,
chaque affiche, chaque étiquette sur chaque tiroir était parfaitement
calligraphiée. Parce que je n’avais pas à suivre de cours obligatoires,
je décidai de m’inscrire en classe de calligraphie. C’est ainsi que
j’appris tout ce qui concernait l’empattement des caractères, les
espaces entre les différents groupes de lettres, les détails qui font la
beauté d’une typographie. C’était un art ancré dans le passé, une
subtile esthétique qui échappait à la science. J’étais fasciné.
Rien
de tout cela n’était censé avoir le moindre effet pratique dans ma vie.
Pourtant, dix ans plus tard, alors que nous concevions le premier
Macintosh, cet acquis me revint. Et nous l’incorporâmes dans le Mac. Ce
fut le premier ordinateur doté d’une typographie élégante. Si je n’avais
pas suivi ces cours à l’université, le Mac ne posséderait pas une telle
variété de polices de caractères ni ces espacements proportionnels. Et
comme Windows s’est borné à copier le Mac, il est probable qu’aucun
ordinateur personnel n’en disposerait. Si je n’avais pas laissé tomber
mes études à l’université, je n’aurais jamais appris la calligraphie, et
les ordinateurs personnels n’auraient peut-être pas cette richesse de
caractères. Naturellement, il était impossible de prévoir ces
répercussions quand j’étais à l’université. Mais elles me sont apparues
évidentes dix ans plus tard.
On ne peut prévoir l’incidence
qu’auront certains événements dans le futur ; c’est après coup seulement
qu’apparaissent les liens. Vous pouvez seulement espérer qu’ils
joueront un rôle dans votre avenir. L’essentiel est de croire en quelque
chose – votre destin, votre vie, votre karma, peu importe. Cette
attitude a toujours marché pour moi, et elle a régi ma vie.
« Pourquoi mon départ forcé d’Apple fut salutaire »
Ma
deuxième histoire concerne la passion et l’échec. J’ai eu la chance
d’aimer très tôt ce que je faisais. J’avais 20 ans lorsque Woz [Steve
Wozniak, le co-fondateur d’Apple N.D.L.R.] et moi avons créé Apple dans
le garage de mes parents. Nous avons ensuite travaillé dur et, dix ans
plus tard, Apple était une société de plus de 4 000 employés dont le
chiffre d’affaires atteignait 2 milliards de dollars. Nous venions de
lancer un an plus tôt notre plus belle création, le Macintosh, et je
venais d’avoir 30 ans.
C’est alors que je fus viré. Comment
peut-on vous virer d’une société que vous avez créée ? C’est bien
simple, Apple ayant pris de l’importance, nous avons engagé quelqu’un
qui me semblait avoir les compétences nécessaires pour diriger
l’entreprise à mes côtés et, pendant la première année, tout se passa
bien. Puis nos visions ont divergé, et nous nous sommes brouillés. Le
conseil d’administration s’est rangé de son côté. C’est ainsi qu’à 30
ans je me suis retrouvé sur le pavé. Viré avec perte et fracas. La
raison d’être de ma vie n’existait plus. J’étais en miettes.
Je
restais plusieurs mois sans savoir quoi faire. J’avais l’impression
d’avoir trahi la génération qui m’avait précédé – d’avoir laissé tomber
le témoin au moment où on me le passait. C’était un échec public, et je
songeais même à fuir la Silicon Valley. Puis j’ai peu à peu compris une
chose – j’aimais toujours ce que je faisais. Ce qui m’était arrivé chez
Apple n’y changeait rien. J’avais été éconduit, mais j’étais toujours
amoureux. J’ai alors décidé de repartir de zéro.
Je ne m’en suis
pas rendu compte tout de suite, mais mon départ forcé d’Apple fut
salutaire. Le poids du succès fit place à la légèreté du débutant, à une
vision moins assurée des choses. Une liberté grâce à laquelle je connus
l’une des périodes les plus créatives de ma vie.
Pendant les cinq
années qui suivirent, j’ai créé une société appelée NeXT et une autre
appelée Pixar, et je suis tombé amoureux d’une femme exceptionnelle qui
est devenue mon épouse. Pixar, qui allait bientôt produire le premier
film d’animation en trois dimensions, Toy Story , est aujourd’hui la
première entreprise mondiale utilisant cette technique. Par un
remarquable concours de circonstances, Apple a acheté NeXT, je suis
retourné chez Apple, et la technologie que nous avions développée chez
NeXT est aujourd’hui la clé de la renaissance d’Apple. Et Laurene et moi
avons fondé une famille merveilleuse.
Tout cela ne serait pas
arrivé si je n’avais pas été viré d’Apple. La potion fut horriblement
amère, mais je suppose que le patient en avait besoin. Parfois, la vie
vous flanque un bon coup sur la tête. Ne vous laissez pas abattre. Je
suis convaincu que c’est mon amour pour ce que je faisais qui m’a permis
de continuer. Il faut savoir découvrir ce que l’on aime et qui l’on
aime. Le travail occupe une grande partie de l’existence, et la seule
manière d’être pleinement satisfait est d’apprécier ce que l’on fait.
Sinon, continuez à chercher. Ne baissez pas les bras. C’est comme en
amour, vous saurez quand vous aurez trouvé. Et toute relation réussie
s’améliore avec le temps. Alors, continuez à chercher jusqu’à ce que
vous trouviez.
« Pourquoi la mort est la meilleure chose de la vie »
Ma
troisième histoire concerne la mort. A l’âge de 17 ans, j’ai lu une
citation qui disait à peu près ceci : « Si vous vivez chaque jour comme
s’il était le dernier, vous finirez un jour par avoir raison. » Elle
m’est restée en mémoire et, depuis, pendant les trente-trois années
écoulées, je me suis regardé dans la gla-ce le matin en me disant : « Si
aujourd’hui était le dernier jour de ma vie, est-ce que j’aimerais
faire ce que je vais faire tout à l’heure ? » Et si la réponse est non
pendant plusieurs jours à la file, je sais que j’ai besoin de
changement.
Avoir en tête que je peux mourir bientôt est ce que
j’ai découvert de plus efficace pour m’aider à prendre des décisions
importantes. Parce que presque tout – tout ce que l’on attend de
l’extérieur, nos vanités et nos fiertés, nos peurs de l’échec – s’efface
devant la mort, ne laissant que l’essentiel. Se souvenir que la mort
viendra un jour est la meilleure façon d’éviter le piège qui consiste à
croire que l’on a quelque chose à perdre. On est déjà nu. Il n’y a
aucune raison de ne pas suivre son cœur.
Il y a un an environ, on
découvrait que j’avais un cancer. A 7 heures du matin, le scanner
montrait que j’étais atteint d’une tumeur au pancréas. Je ne savais même
pas ce qu’était le pancréas. Les médecins m’annoncèrent que c’était un
cancer probablement incurable, et que j’en avais au maximum pour six
mois. Mon docteur me conseilla de rentrer chez moi et de mettre mes
affaires en ordre, ce qui signifie : « Préparez-vous à mourir. » Ce qui
signifie dire à ses enfants en quelques mois tout ce que vous pensiez
leur dire pendant les dix prochaines années. Ce qui signifie essayer de
faciliter les choses pour votre famille. En bref, faire vos adieux.
J’ai
vécu avec ce diagnostic pendant toute la journée. Plus tard dans la
soirée, on m’a fait une biopsie, introduit un endoscope dans le pancréas
en passant par l’estomac et l’intestin. J’étais inconscient, mais ma
femme, qui était présente, m’a raconté qu’en examinant le prélèvement au
microscope, les médecins se sont mis à pleurer, car j’avais une forme
très rare de cancer du pancréas, guérissable par la chirurgie. On m’a
opéré et je vais bien.
Ce fut mon seul contact avec la mort, et
j’espère qu’il le restera pendant encore quelques dizaines d’années.
Après cette expérience, je peux vous le dire avec plus de certitude que
lorsque la mort n’était pour moi qu’un concept purement intellectuel :
personne ne désire mourir. Même ceux qui veulent aller au ciel n’ont pas
envie de mourir pour y parvenir. Pourtant, la mort est un destin que
nous partageons tous. Personne n’y a jamais échappé. Et c’est bien
ainsi, car la mort est probablement ce que la vie a inventé de mieux.
C’est le facteur de changement de la vie. Elle nous débarrasse de
l’ancien pour faire place au neuf. En ce moment, vous représentez ce qui
est neuf, mais un jour vous deviendrez progressivement l’ancien, et
vous laisserez la place aux autres. Désolé d’être aussi dramatique, mais
c’est la vérité.
Votre temps est limité, ne le gâchez pas en
menant une existence qui n’est pas la vôtre. Ne soyez pas prisonnier des
dogmes qui obligent à vivre en obéissant à la pensée d’autrui. Ne
laissez pas le brouhaha extérieur étouffer votre voix intérieure. Ayez
le courage de suivre votre cœur et votre intuition. L’un et l’autre
savent ce que vous voulez réellement devenir. Le reste est secondaire.
Dans
ma jeunesse, il existait une extraordinaire publication The Whole Earth
Catalog , l’une des bibles de ma génération. Elle avait été fondée par
un certain Stewart Brand, non loin d’ici, à Menlo Park, et il l’avait
marquée de sa veine poétique. C’était à la fin des années 1960, avant
les ordinateurs et l’édition électronique, et elle était réalisée
entièrement avec des machines à écrire, des paires de ciseaux et des
appareils Polaroid. C’était une sorte de Google en livre de poche,
trente-cinq ans avant la création de Google. Un ouvrage idéaliste,
débordant de recettes formidables et d’idées épatantes.
Stewart
et son équipe ont publié plusieurs fascicules de The Whole Earth
Catalog . Quand ils eurent épuisé la formule, ils sortirent un dernier
numéro. C’était au milieu des années 1970, et j’avais votre âge. La
quatrième de couverture montrait la photo d’une route de campagne prise
au petit matin, le genre de route sur laquelle vous pourriez faire de
l’auto-stop si vous avez l’esprit d’aventure. Dessous, on lisait : «
Soyez insatiables. Soyez fous. » C’était leur message d’adieu. Soyez
insatiables. Soyez fous. C’est le vœu que j’ai toujours formé pour moi.
Et aujourd’hui, au moment où vous recevez votre diplôme qui marque le
début d’une nouvelle vie, c’est ce que je vous souhaite.
Soyez insatiables. Soyez fous.
Merci à tous.»
Alors vous avez compris : soyez insatiables, soyez fous !
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