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mercredi 20 novembre 2013

Hiroshi Yamauchi

Source : http://www.lesechos.fr/27/07/2011/



Les Echos n° 20982 du 27 Juillet 2011 • page 9


L e visionnaire des jeux vidéo. Placé malgré lui à la tête de Nintendo, ce patron japonais atypique par sa façon de vivre et sa liberté de ton a fait d'une entreprise spécialisée dans les jeux de cartes depuis 1887 un géant mondial des jeux électroniques.



 
Les Game Boy, c'est lui. Comme Donkey Kong, Mario, Zelda ou Pokemon. Pendant plus d'un demi-siècle, de 1949 à 2002, Hiroshi Yamauchi a dirigé d'une main de fer le groupe Nintendo, faisant de cette vénérable entreprise spécialisée dans les jeux de cartes l'un des leaders mondiaux des jeux électroniques. Etonnante histoire que celle de cet homme atypique aux intuitions géniales, que rien ne destinait à devenir l'un des plus grands chefs d'entreprise de ce siècle.
Pour comprendre l'ampleur des mutations accomplies par Yamauchi à la tête de Nintendo, il faut remonter très loin en arrière, en
1887. Cette année-là, Fusajiro Yamauchi crée à Kyoto une petite fabrique de Hanafuda, un jeu de cartes pour adultes typiquement japonais. Alors que le Japon est en pleine révolution Meiji -marquée par l'ouverture sur le monde et le développement des échanges avec l'Occident -et que les moeurs s'assouplissent, l'homme a compris qu'il y avait un marché à prendre dans le domaine des jeux. Intuition payante. La société Nintendo -« Laissez la chance au ciel », en japonais -connaît de fait un essor très rapide, grâce notamment à l'explosion des salles de jeux clandestines contrôlées par les mafias. Pour répondre à la demande, Fusajiro agrandit la petite usine de Kyoto. Afin de s'assurer l'exclusivité de la distribution, il ouvre des magasins dans toutes les grandes villes du Japon. En 1929, fortune faite, Fusajiro Yamauchi se retire définitivement des affaires. N'ayant qu'une fille, il décide alors, selon la tradition japonaise, de confier les rênes de l'entreprise à l'homme qu'il lui a choisi pour époux, Sekiryo Keneda, à la condition cependant que celui-ci prenne le nom de Yamauchi. Entre les deux époux, les relations sont dès le départ exécrables, la fille de Fusajiro Yamauchi, Tei, ne supportant pas le mari que son père lui a imposé. Sekiryo se révèle cependant un entrepreneur brillant. Diversifiant la gamme ( il introduit le poker au Japon), il achève de faire de Nintendo, dont le siège est transféré à Tokyo, le leader incontesté des jeux de cartes pour adultes au Japon.
Mais il était dit que la malchance poursuivrait la famille ! Comme Fusajiro, Sekiryo Yamauchi et son épouse n'ont que des filles. Comme cela s'était passé en 1929, le couple décide donc de choisir pour successeur l'époux de leur fille aînée Kimi, un certain Shikanojo Inaba, sous réserve qu'il perpétue le nom de Yamauchi. Mais les choses, cette fois, ne se passent pas tout à fait comme prévu. Issu d'une prestigieuse famille d'artisans, Shikanojo se révèle un séducteur impénitent, plus intéressé par les femmes que par les affaires. Instable, il finit en 1933 par abandonner sa femme et son jeune fils, le petit Hiroshi, né en 1927. Faute de successeur, Sekiryo Yamauchi reste donc à la tête de l'entreprise. Il se charge aussi de l'éducation du jeune garçon. Avec un objectif : faire d'Hiroshi, seul mâle de la famille et héritier désigné, un homme cultivé, respectueux des traditions et des codes de conduite...
Il y aura beaucoup de mal ! Les années passant, le futur patron de Nintendo se montre en effet arrogant, indiscipliné et totalement irrespectueux des traditions japonaises que ses grands-parents essaient de lui transmettre. En 1940, le jeune homme est censé se préparer à une carrière d'ingénieur ou de juriste. Mais, à treize ans, il ne montre aucun enthousiasme pour les études. Survient alors la guerre. Trop jeune pour être mobilisé, Hiroshi sera finalement affecté dans une usine d'armement. A la fin de la guerre, âgé de dix-huit ans, il s'inscrit à l'université de Waseda pour y étudier le droit. Un an plus tard, il épouse Michiko Inaba, fille d'une vieille famille de samouraïs. Le mariage a été arrangé par ses grands-parents. Ayant hérité de son père une propension à courir les femmes, Hiroshi Yamauchi entretiendra toujours des relations difficiles avec son épouse...
C'est ce jeune homme dissipé, peu diplômé et sans véritable vocation qui, en février 1949, est appelé à la tête de Nintendo. Quelques semaines plus tôt, son grand-père a été victime d'une crise cardiaque. Avant de mourir, il convoque son petit-fils pour lui confier les destinées de l'entreprise. A son grand-père mourant, le jeune homme pose une condition : être le seul membre de la famille au sein de Nintendo. Sitôt en poste, sa première décision est d'ailleurs de licencier l'un de ses cousins. A vingt-deux ans, voilà donc Hiroshi Yamauchi patron de la première entreprise de cartes à jouer du Japon. Mais il lui reste une dernière épreuve : se faire accepter par les collaborateurs de son grand-père, qui n'apprécient guère de devoir rendre des comptes à ce jeune homme sans expérience. Faisant preuve d'une volonté de fer dont personne ne l'aurait cru capable, Hiroshi Yamauchi règle définitivement le problème en licenciant du jour au lendemain tous les cadres de l'entreprise. Plus personne n'osera désormais contester son autorité. Jusqu'à son départ de Nintendo en 2002, Yamauchi mènera l'entreprise d'une main de fer, prenant seul ses décisions et se fiant à ses intuitions.
Les intuitions, justement... A peine à la tête de l'entreprise, le jeune patron décide de faire prendre à Nintendo une orientation nouvelle. Au carton des cartes à jouer, il substitue dès 1951 le plastique, matériau relativement récent, qui permet de fabriquer des cartes beaucoup plus résistantes. C'est un succès. Huit ans plus tard, il frappe encore plus fort en concluant avec Disney un accord de licence l'autorisant à reproduire sur ses cartes les personnages de la firme, notamment Donald. Un moyen pour Nintendo de « surfer » sur la fascination qu'exerce, sur les Japonais, l'« american way of life » et, surtout, de conquérir un marché que l'entreprise a totalement délaissé depuis sa création : celui des enfants. C'est un véritable triomphe : l'année même de leur lancement, les boîtes dans lesquelles Nintendo présente toute la collection des figurines Disney se vendent à 600.000 exemplaires.
C'est alors que Hiroshi Yamauchi commet la seule véritable erreur de sa carrière. De passage aux Etats-Unis à la fin des années 1950 afin de visiter les installations du leader mondial de la carte à jouer, United States Playing Card Company, il est stupéfait -et profondément déçu -de voir que cette entreprise alimente le marché mondial à partir d'une usine très modeste. « Le marché du jeu n'a aucun avenir car il n'est pas indispensable », analyse-t-il à son retour au Japon. Grave erreur de jugement ! Qui le pousse à chercher de nouvelles pistes de développement. Il décide de diversifier Nintendo dans trois directions : l'alimentation, avec le lancement d'un autocuiseur pour le riz; les transports, avec la création d'une chaîne de taxis; l'hôtellerie enfin, avec le concept de « love hotels », des établissements où les couples japonais -légitimes ou non -peuvent louer des chambres à l'heure. Surprenantes diversifications qui, comme cela était prévisible, se soldent par des échecs cuisants. Confrontés à une concurrence acharnée, les autocuiseurs Nintendo n'arrivent pas à se vendre. Paralysée par des grèves à répétition dues à la gestion autoritaire de Yamauchi, la chaîne de taxis doit être revendue en catastrophe. Quant aux « love hotels » -dont la rumeur affirme que son fondateur est le principal client, tant ses frasques extraconjugales sont nombreuses -ils suscitent de violentes polémiques et deviennent rapidement un repaire de prostituées et de mafieux. En 1966, Nintendo est revenu au point de départ. Affaibli par ce triple échec, il est au bord du dépôt de bilan.
« Inventer quelque chose de grand »
Echaudé, Hiroshi Yamauchi décide alors de revenir vers l'univers du jeu, un marché qui, en ces temps de croissance économique, connaît un bel essor. L'artisan clef de cette reconversion est un ingénieur électricien de vingt-six ans embauché un an plus tôt pour superviser la fabrication des cartes à jouer : Gunpei Yokoi. Travaillant en étroite collaboration et en toute confiance avec Yamauchi -qui lui a recommandé d' « inventer quelque chose de grand » -il crée, en 1966, le célèbre Ultra Hand, une sorte de main extensible en plastique pourvue de pincettes permettant de jouer avec de petites balles. L'année même de son lancement, ce jouet pour enfants se vend à 1,2 million d'exemplaires ! propulsant du jour au lendemain Nintendo à la première place des fabricants de jouets japonais. D'autres blockbusters suivront, comme ce pistolet laser en plastique fonctionnant sur piles que les petits Japonais s'arrachent.
Mais du jeu pour enfants au jeu électronique, il y a plus qu'un pas ! L'idée en vient à Yamauchi un soir de 1975. Alors qu'il dîne chez des amis, la discussion porte sur les avancées récentes de l'informatique. Pourquoi, pense alors le PDG de Nintendo, ne pas utiliser l'informatique pour des jeux destinés à toute la famille ? Observateur du marché, Hiroshi Yamauchi n'ignore bien sûr rien des succès de la firme américaine Atari qui, en 1972, a lancé sa première borne d'arcade -le fameux Pong, acte de naissance du jeu vidéo -et qui, en cette année 1975, s'apprête à dévoiler sa première console à cartouche, l'Atari VCS. La réussite d'Atari achève de persuader Yamauchi du potentiel du marché des jeux vidéo. Au lendemain de ce dîner, le PDG convoque Gunpei Yokoi et lui demande de créer une console. Ce sera la Color TV Game 6, lancée en juin 1977. Au départ, Hiroshi Yamauchi aurait souhaité concevoir et construire la console de A à Z. Mais il doit y renoncer, faute de savoir-faire dans le domaine des microprocesseurs. C'est finalement la firme Mitsubishi, avec laquelle Nintendo conclut un partenariat, qui se chargera de fournir les composants.
Première console lancée sur le marché japonais, la Color TV Game 6 est un succès. Grâce aux magasins contrôlés directement par Nintendo dans toutes les villes du Japon -un lointain héritage du fondateur -elle se vend à plusieurs millions d'exemplaires, tout comme la Famicom, sortie en 1983 et qui s'écoulera à 60 millions d'exemplaires dans le monde entier, ou bien encore la série des Super Mario. Pour Nintendo, c'est une époque faste. Afin de stimuler la créativité de ses équipes, son PDG rompt avec les usages en vigueur au sein du capitalisme nippon. Les règlements les plus contraignants sont ainsi allégés, l'obligation de chanter chaque jour l'hymne national supprimée, les activités collectives rendues facultatives. Dans l'Archipel, Hiroshi Yamauchi fait beaucoup jaser, en raison notamment de sa liberté de ton qui le pousse à se moquer publiquement de ses concurrents. Un comportement très inhabituel au Japon. Passionné de base-ball, l'entrepreneur fera aussi la une des journaux américains lorsqu'il achètera, au début des années 1990, les Mariners de Seattle, suscitant une volée de critiques, dont certaines ouvertement racistes.
Le véritable tournant dans l'histoire de la firme a lieu à la fin des années 1980 lorsque Hiroshi Yamauchi demande à Gunpei Yokoi de travailler sur une console portative pouvant être vendue à bas prix. Ainsi naît, en 1989, la Game Boy, première console de poche et véritable révolution sur le marché des jeux vidéo. Elle se vendra à 118 millions d'exemplaires ! Cette console, et ses nombreuses déclinaisons, propulse Nintendo parmi les tout premiers fabricants mondiaux de jeux électroniques. Plus que le contenant -la console elle-même -c'est en fait le contenu -les jeux -qui tire la croissance du groupe. Hiroshi Yamauchi est en effet le premier à avoir compris que la conquête du marché passait d'abord par le lancement de jeux susceptibles de séduire un vaste public. L'extraordinaire succès des Pokémon le démontre amplement. En 2002, Hiroshi Yamauchi se retire de la direction de Nintendo, laissant à son successeur le soin de mener à bien une autre révolution technologique : celle de la Wii. Agé de quatre-vingt-quatre ans et devenu l'un des hommes les plus riches du Japon, il continue cependant à garder un oeil sur l'entreprise familiale. (tristan.gaston-breton@kgb-co.fr)




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