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mercredi 28 novembre 2012

Biographie Lakshmi Mittal

 Cet article a été à l'origine publié sur Les échos.fr
CES INNOVATEURS OU CES AVENTURIERS QUI ONT TRANSFORMÉ L'ÉCONOMIE Troisième fortune mondiale, l'Indien Lakshmi Mittal a mis moins de trente ans pour bâtir le premier producteur mondial d'acier. Une étonnante « success story » commencée en Indonésie dans les années 1970.

15. Lakshmi Mittal

Les Echos n° 19476 du 12 Aout 2005 • page 11

Lakshmi Mittal aurait-il été atteint par la folie des grandeurs ? En 2004, l'industriel indien défraie à deux reprises la chronique mondaine avec ses dépenses somptuaires et son train de vie pharaonique. En avril, il achète une gigantesque maison au coeur de Kensington Palace Gardens, le quartier des milliardaires à Londres. Prix de cette demeure qui compte 12 chambres et un garage de 20 places : 128 millions de dollars ! La plus grosse transaction immobilière jamais enregistrée dans la capitale anglaise. Un mois plus tard, il marie sa fille en France avec un financier de la City d'origine indienne. Facture des réjouissances : 55 millions de dollars ! « Le mariage de la décennie » selon un journaliste. Il est vrai que Lakshmi Mittal avait vu grand, très grand même : carton d'invitation de 20 pages enchâssé dans un étui d'argent, location du château de Versailles pour 1.000 personnes, festivités étalées sur cinq jours dans les plus beaux châteaux de France... Rien n'avait été laissé au hasard pour Vanisha Mittal, vingt-trois ans, qui travaille aujourd'hui aux côtés de son père. Extravagances financières ? En fait une goutte d'eau pour Lakshmi Mittal, dont le magazine « Forbes » estime la fortune à 25 milliards de dollars en 2005, la troisième derrière celles de
Bill Gates et de Warren Buffett, alors qu'elle était au 64e rang l'année précédente. Epoustouflante progression. En un an, l'industriel a engrangé 19 milliards de dollars, essentiellement grâce à la fusion avec International Steel Group. Contrôlé à 97 % par la famille Mittal, le groupe Mittal Steel a distribué en 2004 plus de 260 millions de dollars de dividendes. Un record pour une entreprise familiale.  

Longtemps inconnu du grand public, Lakshmi Mittal est devenu célèbre en Grande-Bretagne en 2002 à l'occasion du scandale « Garbagegate », une sombre affaire de don effectué par l'entrepreneur au Parti travailliste anglais en échange d'une intervention de Tony Blair auprès du Premier ministre roumain. Mais, en Inde, le « Carnegie de Calcutta » est une gloire nationale, même s'il a quitté son pays natal pour s'installer à Londres il y a des années. Fierté compréhensible tant l'ascension du « tycoon » de l'acier est révélatrice du dynamisme indien. Basé aux Pays-Bas, dirigé depuis Londres, Mittal Steel est devenu en 2004 le premier producteur mondial d'acier devant Arcelor. Le groupe emploie 165.000 personnes dans le monde, contrôle une douzaine d'usines et a réalisé un chiffre d'affaires de 22 milliards de dollars en 2004. Lakshmi Mittal ne compte pas s'arrêter là. « La production mondiale d'acier est d'environ 700 millions de tonnes et nous n'en contrôlons que 2 %. 2 % ce n'est pas beaucoup et je n'ai que quarante-neuf ans » déclarait-il déjà en 1999. Cinq ans plus tard, au terme d'une course effrénée, son groupe s'était implanté dans les pays de l'Est, en Amérique, en Afrique, dans les Balkans.
L'épopée commence il y a cinquante-cinq ans, dans un village près de Calcutta où naît Lakshmi. Emportée par son lyrisme, la presse indienne affirmera plus tard que le « tycoon » est né au sein d'une famille modeste dans une maison sans électricité ni eau courante. Vision un peu embellie des choses ! Lakshmi Mittal appartient en fait à un milieu aisé. Son père, Mohanlal, possède une petite aciérie. Lakshmi y fait ses premières armes dès son adolescence, y travaillant 19 heures par jour _ c'est du moins ce que prétendront certains _ tout en poursuivant ses études. Brillant, il décroche un diplôme d'études commerciales de l'université de Calcutta en 1970.
Le destin du jeune homme bascule en 1976. Cette année-là, bloqué en Inde par le gouvernement, qui a limité les investissements privés dans l'acier, Mohanlal Mittal crée une petite usine d'acier en Indonésie. Surtout, il en confie la direction à son fils Lakshmi, vingt-six ans. A peine plus étendu qu'une grande ferme, l'établissement passe un contrat de licence avec deux groupes européens pour accéder à des techniques de pointe. Principale technologie concernée : le DRI (« direct reduced iron »), qui permet d'améliorer la productivité par soufflage d'oxygène à l'intérieur du four. Mis au point par Hamburger Stahlwerke, ce procédé est alors peu employé. Lakshmi Mittal en est un partisan convaincu. Il rachète méthodiquement les petites usines qui l'utilisent en Indonésie.
Le partenariat avec Voest Alpine et Hamburger Stahlwerke n'a pas que des incidences techniques. Il va se révéler décisif pour la carrière de Lakshmi Mittal. Outre leurs intérêts en Indonésie, les Autrichiens et les Allemands gèrent alors, sous forme de concession, une grande aciérie de l'île de Trinidad. Or cet établissement à l'outillage obsolète fait 100.000 dollars de pertes par jour depuis des années. Lorsque le contrat de concession arrive à son terme, en 1989, les deux groupes européens, qui connaissent les qualités managériales de leur partenaire indien, le recommandent aux autorités de Trinidad. Lakshmi Mittal est inconnu et l'île est l'objet de tensions récurrentes entre la majorité noire et la minorité indienne. Les autorités hésitent mais finiront par se laisser convaincre. Avec une fantastique audace, Lakshmi Mittal négocie un simple contrat de gestion assorti d'une option pour racheter l'établissement lorsque les résultats le permettront. Un an plus tard, l'usine affiche des bénéfices exceptionnels. Interrogé bien plus tard sur ce succès, Lakshmi Mittal devait livrer la clef du mystère : « C'est très simple, j'ai remplacé les managers européens par des Indiens. » La mesure a permis d'économiser 1 million de dollars sur la seule masse salariale. Elle est doublée par l'embauche massive de personnel noir non qualifié et par des coupes claires qui permettent d'économiser encore plusieurs millions de dollars. Le tout au pas de course et sans états d'âme. En 1991, grâce aux résultats engrangés, le groupe familial, qui a été rebaptisé « Ispat », peut racheter l'établissement. Dans la profession, on commence à parler de Lakshmi Mittal.
On en parle même tellement que c'est lui qui remporte, au début des années 1990 et contre toute attente, les enchères organisées par le gouvernement mexicain pour la privatisation des deux usines sidérurgiques de Sicartsa. Créés par l'Etat une décennie plus tôt, pourvus d'équipements ultramodernes, ces établissements n'ont jamais gagné un peso, victimes à la fois de la gabegie et de retournements répétés de conjoncture. Lorsque la privatisation est lancée en 1991, les Mexicains, qui ont eu vent du redressement de l'usine de Trinidad et qui considèrent les Indiens comme des interlocuteurs « très sérieux », invitent le groupe Ispat à se joindre à l'appel d'offres. Pilotées de bout en bout par Lakshmi Mittal, les négociations se révèlent un modèle du genre. Décidé à gagner, l'entrepreneur indien a en effet constitué une équipe de vingt personnes venues d'Indonésie et de Trinidad, et représentant tous les services et toutes les fonctions de l'entreprise. Cette équipe a elle-même été divisée en petites unités de quelques personnes responsables d'un domaine bien spécifique : finances, marketing, management, coûts, etc. Banquiers d'affaires et avocats ont été écartés afin, comme le dira Lakshmi Mittal, « d'éliminer les consultants et leur tour d'ivoire d'analyses et de chiffres ».
Lors des discussions, l'industriel indien promet que l'emploi sera sauvegardé et que les deux établissements seront dirigés par des hommes d'expérience venus de Trinidad et d'Indonésie. Cette approche pragmatique achève de séduire les Mexicains. En janvier 1992, le groupe Ispat remporte officiellement les enchères. Lakshmi Mittal a mis 220 millions de dollars sur la table. Il faudra deux ans à peine pour remettre les usines mexicaines sur pied, Ispat faisant jouer à fond les synergies internes et utilisant son réseau en Asie du Sud-Est pour écouler la production. Entre le début et la fin de l'année 1992, la production des deux établissements passera de 528.000 à 929.000 tonnes avant d'atteindre 3 millions de tonnes en 1998 ! Un cadre dirigeant mexicain devait raconter ainsi à la presse sa première réunion avec Lakshmi Mittal, au début de l'année 1992 : « Nous lui avons présenté deux plans de production : l'un de 600.000 tonnes, basé sur les chiffres de l'année précédente, l'autre, beaucoup plus ambitieux et risqué, de 1,2 million de tonnes. M. Mittal nous a dit : laissez tomber le premier plan et dites-moi ce dont vous avez besoin pour réaliser le second. Vous y arriverez parce que je vais prendre soin de vous. » Tout Lakshmi Mittal est là : implication personnelle très forte, rapidité d'exécution, goût du risque, confiance en ses collaborateurs, le tout assorti d'une solide ambition.
Avec l'acquisition des usines de Sicartsa, Lakshmi Mittal fait son entrée dans le monde des grands. Profitant de la conjoncture porteuse des années 1990, l'industriel achève dans les années qui suivent de bâtir son empire. En 1994, reprise du groupe canadien Sidbec-Dosco. L'année suivante, Lakshmi Mittal achète le groupe allemand Hamburger Stahlwerke, son partenaire des premiers jours et l'inventeur de la technologie DRI. Un an encore, et le groupe s'implante au Kazakhstan, puis en Irlande, en Roumanie, en Afrique du Sud, aux Etats-Unis, en Algérie et dans les Balkans. Une impressionnante série d'acquisitions, couronnées par la fusion avec l'américain International Steel Group, en 2004, qui fait du groupe indien le premier producteur mondial d'acier.
A cette date, cela fait près de dix ans _ depuis 1995 _ que Lakshmi Mittal a transféré le siège d'Ispat _ renommé Mittal Steel _ d'Indonésie, où il se trouvait depuis 1956, à Londres, « le coeur financier du monde » selon l'industriel indien. L'entrepreneur ne réside d'ailleurs jamais très longtemps dans la capitale anglaise, passant sans cesse d'un continent à l'autre pour gérer ses intérêts. Des commentateurs en mal de calculs ont ainsi estimé qu'il faisait chaque année plus de dix fois le tour de la terre à bord de son jet privé. En 2004, il a, pour la première fois depuis 1976, posé à nouveau le pied en Inde. Retour aux sources ? Pas vraiment ! Ayant acquis une somptueuse demeure à Delhi, l'industriel passerait pour s'intéresser de très près au secteur de l'acier en Inde. Clin d'oeil à l'histoire de son père, qui avait dû jadis quitter son pays natal pour trouver ailleurs de nouvelles opportunités de développement ? Peut-être... En attendant, Lakshmi Mittal continue de gérer son empire. Il a récemment intronisé son fils Aditya, vingt-huit ans, vice-président du groupe chargé des finances. Un tremplin de choix pour ce jeune homme un peu timide et qui, selon certains, aurait hérité de son père le génie des affaires.

TRISTAN GASTON-BRETON
TRISTAN GASTON-BRETON est historien d'entreprises. (tgbheeasynet.fr)

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