Cet article a été à l'origine publié par Olivier Roland du blog des livres pour changer de vie
Ne vous trompez pas : Pourquoi un MBA n'est pas rentable
Cet article est un article invité écrit par
Mariana Zanetti, du blog en espagnol www.dueno-de-mi-tiempo.com.
L’auteure de cet article est espagnole d’origine argentine, et a quand même
tenu à écrire son article en français, donc merci de tolérer les quelques «
imprécisions » de français qu’il pourrait contenir !
Il faut savoir que quand je parle d’un MBA,
je parle de ma propre expérience. Je suis l’honorable titulaire d’un joli
certificat en lettres bleues, encadré et pendu sur le mur de mon bureau. Il
s’agit d’un diplôme d’une « business school » européenne très reconnue, « qui
figure dans les top ten des rankings des MBA les plus prestigieux
» (tels que celui du Finantial Times) … c’est vraiment impressionnant. Il faut
savoir en plus que si un MBA était un actif, il vaudrait 43200 € sur mon bilan,
ce que coûte aujourd’hui le master que j’ai fait il y a quelques années.
J’ai partagé les couloirs de la business school
avec des gens qui comme moi avaient mis beaucoup d’espoir dans l’avenir en
faisant un MBA. Par exemple, un jeune père qui avait investi toutes ses
économies, ou des gens qui, comme moi, avaient demandé un emprunt pour pouvoir
se l’offrir.
J’attendais beaucoup de choses de mon MBA, et
j’ai réussi à concrétiser un grand nombre d’entre elles. Néanmoins, j’ai aussi
constaté que les connaissances que j’ai appréciées le plus dans ma vie, je
les ai obtenues en lisant des livres extraordinaires, des livres qui ont
changé ma vie. Mon MBA par contre m’a demandé un effort extraordinaire,
financier et personnel, et son impact sur ma qualité de vie a été plutôt
négatif (bien que l’expérience et les échanges fussent enrichissants). J’ai
même calculé le retour de l’investissement de mon MBA avec les techniques que
j’ai apprises dans mes cours de finance. Avec toutes les considérations que je
liste ci-dessous, le résultat était, à ma surprise, négatif. Un MBA n’est pas
rentable. Il est simplement un joli certificat qui coûte très cher.
Je sais que cette affirmation est provocatrice.
Je l’assume et je vais faire de mon mieux pour aller jusqu’au bout de mes
réflexions.
« Le roi est nu ! »
Vous connaissez peut-être l’histoire de ce tissu
royal, si délicat, si extraordinaire, qui avait un atout magique : il était
invisible aux yeux des idiots.
Il était une fois un commerçant du moyen
âge qui
avait offert au roi d’un royaume lointain cet incroyable tissu magique. Le roi, comme il n’était évidemment pas un idiot, admirait ce tissu et avait demandé au couturier royal de lui faire une jolie tenue royale. Le couturier, comme il n’était pas idiot non plus, a accepté. Le roi s’est présenté face à son peuple avec sa nouvelle tenue. Tout le monde était prévenu des propriétés de la toile de la tenue du roi, et, comme le peuple n’était pas idiot, ils ont tous admiré l’élégance du roi… sauf pour un petit enfant, trop jeune pour comprendre les conséquences de ses mots, qui a crié : « Le roi est nu ! »
avait offert au roi d’un royaume lointain cet incroyable tissu magique. Le roi, comme il n’était évidemment pas un idiot, admirait ce tissu et avait demandé au couturier royal de lui faire une jolie tenue royale. Le couturier, comme il n’était pas idiot non plus, a accepté. Le roi s’est présenté face à son peuple avec sa nouvelle tenue. Tout le monde était prévenu des propriétés de la toile de la tenue du roi, et, comme le peuple n’était pas idiot, ils ont tous admiré l’élégance du roi… sauf pour un petit enfant, trop jeune pour comprendre les conséquences de ses mots, qui a crié : « Le roi est nu ! »
Vous n’entendrez jamais des diplômés de MBA
affirmer que leur MBA n’a pas été rentable (à l’exception de moi , et je ne suis pas idiote
non plus !), car ça serait comme s’ils affirmaient qu’ils sont des idiots. Et
ils ne sont évidemment pas idiots, en fait c’est une des choses « certifiées »
par un MBA. Le processus de sélection dans les grandes écoles est assez
compétitif et exigeant. Selon l’école, entre 70% et 90% des sollicitudes
d’admission sont refusées, et seulement les plus intelligents ou ceux qui ont
des talents rares sont acceptés… et comme il y a une grande concurrence pour
entrer dans les grandes écoles, il semble assez certain que quelqu’un avec un
MBA est quelqu’un avec un peu de matière grise de qualité sous les cheveux.
MAIS… le contraire n’est pas valide. Les 20% les
plus intelligents de la population n’ont pas forcément un diplôme certifiant de
leur degré d’intelligence. La plupart des gens les plus intelligents ont
suffisamment de confiance en eux pour apprendre ce dont ils ont besoin selon
le besoin du moment. Steve Jobs et Bill Gates n’ont jamais fini leurs
études car ils n’en avaient pas besoin. Même Mark Zukerberg n’a pas eu besoin
d’avoir son diplôme pour réussir la création de Facebook. Les personnes que
j’admire le plus professionnellement n’ont aucun certificat de ce type, et au
contraire, j’ai connu beaucoup « d’enfants gâtés » à la business school qui
suivent ce type d’études simplement parce que papa « Jaibeaucoupdargent » a
insisté.
J’ai aussi constaté tout au long de ma carrière que
les « meilleurs » postes en entreprise (et on comprend par « meilleurs »
normalement les mieux payés) n’étaient pas majoritairement occupés par des MBAs
mais par des gens intelligents qui ont travaillé très dur et ont prouvé leur
valeur sans avoir besoin des certificats en lettres bleues. Et voilà donc ma
première affirmation : il est plus rentable de s’investir à travailler au
potentiel maximal de son talent qu’à « certifier » quel est ce niveau de
potentiel.
Si vous pensez que vous êtes intelligent, ayez
confiance en vous et concentrez-vous à tirer un profit de cette intelligence.
Si vous pensez que vous ne l’êtes pas, c’est ça votre problème : ce que vous
pensez. Vous avez certainement des forces, concentrez-vous à vous en servir.
Le piège d’un MBA
On apprend beaucoup de choses lors d’un
MBA : stratégie, finance, RH, marketing, opérations, et tout ce qui peut
intéresser la haute direction d’une grosse entreprise. Mais l’âge des étudiants
oscille entre 26 et 32 ans, et ils ne sont donc pas prêts à assumer la
direction d’une grosse entreprise car ils n’ont pas l’expérience suffisante.
Finalement ils obtiennent en sortant de simples postes de cadres+ et ils
utilisent à ce moment-là, selon mon expérience, entre 10 et 20% des
connaissances acquises, ce qu’ils pourraient acquérir selon besoin sans
s’arrêter un ou deux ans pour étudier. Et si plus tard ils ont la « chance » de
prendre un poste de haute direction, beaucoup de ces connaissances seront en
partie obsolètes et ils devront les mettre à jour. La vérité c’est que ce
ne sont pas les connaissances apportées par le MBA qui intéressent les
entreprises qui embauchent, elles s’en fichent (j’ai l’entendu dire par pas mal
de patrons d’entreprises).
Dans un MBA, la pression lors des cours est énorme.
Les étudiants apprennent à gérer le stress et la surcharge de travail avec des
« devoirs » interminables, ils étudient entre 14 et 16 heures par jour au moins
6 jours par semaine (et je n’exagère même pas un peu). Dans beaucoup de
business schools, ils sont mis en compétition constante : systématiquement, les
10% d’étudiants avec la performance la moins importante dans chaque matière
ratent celle-ci (par courbe de Gauss), et s’ils cumulent au moins 3 échecs
parmi les 25 à 40 cours, ils sont virés du MBA sans avoir le droit de récupérer
leur investissement.
Il est clair que, étant donné que la plupart des
étudiants financent eux-mêmes leurs études ou le font avec les efforts de toute
une vie de leurs parents, le poids porté par leurs épaules est énorme. Ils ne
peuvent donc pas se permettre de ne pas réussir, ils se mettent dans la course
à fond. Et c’est ça qui intéresse les entreprises : des gens formés à
absorber des quantités illimitées de travail et d’informations, à supporter des
pressions insupportables, pour un coût fixe : un salaire. Ça et rien d’autre.
Néanmoins beaucoup d’étudiants d’un MBA se sentent
piégés. Ils s’inscrivent au MBA avec un rêve de prospérité qui se brise dès
qu’ils sortent de l’école. Ils se retrouvent « à poil » comme le roi de
notre histoire, leurs économies épuisées, souvent endettés, et sans travail,
mais ils ne l’avoueront jamais car ils ne sont pas idiots. Le jeune père
dont je parlais au début de cet article m’avouait : « Je viens de dépenser
énormément d’argent et mes économies sont épuisées. En plus, je ne vais pas
récupérer les moments que j’ai perdus lors de la première année de mon bébé.
Les postes qu’on me propose payent les mêmes salaires que j’aurais décrochés
sans ce MBA. Mais je vais dire partout que ces études sont la meilleure chose
que j’ai pu faire dans ma vie… je n’ai pas le choix. » Ces étudiants sont
donc obligés de « vendre » leur plus-value et de travailler comme des esclaves
pour payer leur emprunt ou récupérer leurs économies, et rentrent dans une
course qui durera des années.
Mais si c’est ce type de vie ce qui vous intéresse
pour avoir la « sécurité financière » et la prospérité, vous n’avez pas besoin
d’arrêter de travailler pendant un ou deux ans et d’investir des milliers
d’euros. Vous pouvez travailler dans le conseil par exemple, qui aujourd’hui a
du mal à trouver des candidats prêts à supporter ce rythme de vie. Vous
gagnerez un salaire annuel supérieur à la moyenne (c’est un des arguments de
vente d’une « business school », n’est-il pas ? Des salaires supérieurs à la
moyenne…), mais vous aurez un salaire horaire inférieur à celui de votre femme
de ménage. Et vous aurez sans doute une femme de ménage, vu que vous n’aurez
plus le temps de faire quoi que ce soit car vous serez rarement chez vous. Ce
temps travaillé en conseil vous servira de « certificat » sur votre capacité de
travail, mais vous serez rémunéré pendant ce temps. Et si vous avez la capacité
de dormir 5 heures par nuit (ce qui n’est pas mon cas), vous gagnerez un
salaire annuel encore plus élevé !
Et voilà donc ma deuxième affirmation : le salaire
horaire d’un MBA n’est pas supérieur à celui d’un non-MBA (si on considère
un niveau de talent équivalent). Ce n’est donc pas rentable d’investir dans un
MBA pour démontrer que vous avez la capacité de travailler davantage. Faites-le
dans votre entreprise actuelle et vous aurez des augmentations de salaire tous
les ans, et même des promotions. Et à 40 ans vous aurez très probablement un
profil bien défini : divorcé (plusieurs fois) et avec très peu de sujets de
conversation en dehors du travail.
Les raisons qui poussent quelqu’un à
faire un MBA
Beaucoup de jeunes rêvent de faire un MBA après leurs
études universitaires. Ils rêvent d’avoir une stabilité de travail supérieure à
la moyenne, une prospérité à long terme et une employabilité élevée. Mais ils
rêvent aussi (d’une façon plus inconsciente) de rendre leurs parents fiers,
d’impressionner leurs amis, de devenir quelqu’un d’important, d’améliorer leur
avenir et celui de leurs familles. Certains d’entre eux voudraient aussi
rencontrer des gens intéressants (le fameux « réseau ») et apprendre des choses
uniques. Voyons ce qui arrive avec chacun de ces rêves :
- Le rêve d’un salaire supérieur :
Les MBAs gagnent un salaire au-dessus de
la moyenne, c’est l’un des arguments de vente des écoles de commerce, et c’est
vrai. Mais ce n’est pas forcement grâce au MBA. Les gens avec un niveau de
talent correct et accro au travail ont en général un niveau de salaire
supérieur. Et c’est le profil recruté par les Business Schools. Mais si on
prend les gens avec un talent similaire (ou même pas) et qui travaillent la
même quantité d’heures, ce n’est pas le MBA qui gagnera le plus mais celui qui
gèrera le mieux les enjeux politiques et le pouvoir, ce qui prédit le mieux le
salaire et la position hiérarchique. Vous n’avez qu’à observer autour de vous
si vous travaillez en entreprise pour le constater.
Je vais essayer de l’expliquer autrement. Vous
connaissez peut-être un club de football de prestige (Comme le Futbol Club
Barcelona J). Ce club a des joueurs parmi les meilleurs du monde et c’est
pour ça qu’il arrive à gagner des matchs. Imaginons que ce club de foot décide
de changer son modèle de business et commence à affirmer qu’en fait ce n’est
pas à cause de la qualité de ses joueurs qu’il gagne, mais à cause de sa
capacité à entrainer et à convertir des gens avec du potentiel en stars du
football. Les gens y croient et commencent à se battre pour y être admis, ils
sont prêts même à payer des forfaits élevés pour être entrainés. Le club admet
seulement les meilleurs, et ces joueurs effectivement gagnent des matchs. Sauf
que ceux qui ont cru en eux-mêmes se sont entrainés sans payer des forfaits
exorbitants et ont réussi à jouer dans des clubs de même prestige… et ont gagné
la même quantité de matchs. Avec un MBA c’est pareil, si vous avez le talent
pour entrer, vous avez le talent pour réussir sans lui. Il faut
seulement que vous vous entrainiez à votre potentiel maximal.
Mais ce n’est pas tout. Une personne qui doit
travailler 50 % de plus (disons 53 heures par semaine au mieux face aux 35
heures du reste) pour gagner 70% de plus (disons 60 000€ face à 35 000 €, par
exemple) ne gagne pas plus en réalité. Ce temps supplémentaire est du temps
incrémental de son énergie vitale, qu’elle ne pourra pas dédier à ce qui
donne un sens à sa vie (en général ça pourrait être la famille, les amis,
les passions, les loisirs, etc.). Elle remplira le vide avec des gadgets chers
et inutiles, ce qui la rendra encore plus accro à la course. Les impôts qu’elle
devra payer pour ce 70% incrémental seront beaucoup plus élevés, et avec ce qui
reste elle devra payer son emprunt si elle a fait un MBA… encore une fois, faire
un MBA n’est pas rentable. Vous me direz, peut-être, qu’un MBA gagne
plus que 60 000 €. Et bien laissez-moi vous dire que dans les périodes où je
gagnais plus que 60 000€, je travaillais beaucoup plus que 50 heures par
semaine, j’étais beaucoup plus stressée, je dépensais beaucoup plus sans pour
autant être plus heureuse, je payais beaucoup plus d’impôts, et j’avais le même
niveau de salaire que tous mes collègues sans MBA qui travaillaient les mêmes
heures que moi dans un poste similaire. Un MBA ne vous garantit pas un niveau
de revenu supérieur.
- Une meilleure employabilité, sécurité de travail et une prospérité à long terme
Oui, les MBAs ont un peu plus de chances de décrocher
un poste que les non-MBAs, car les MBAs peuvent « certifier » une capacité de
travail et de gestion du stress élevée. Ils décrochent souvent des postes
stressants et bien payés. Mais, comme je l’ai déjà dit, il y a d’autres chemins
plus rentables pour décrocher ce type de postes, si c’est cela qui vous
intéresse.
Par contre ceux qui rêvent à la prospérité et à la
sécurité à long terme sont très loin de les obtenir avec un MBA, ils vivent une
illusion. La crise a laissé au chômage énormément de MBAs, et leurs certificats
en lettres bleues ne les ont pas forcément aidés. La sécurité financière n’est
plus une réalité de notre génération, et les MBAs ne sont pas l’exception.
- Le cœur a ses raisons que la raison ne connait pas
La vraie raison pour laquelle un grand nombre de
jeunes suivent ce type de formation n’est pas consciente. Ils rêvent de rendre
leurs parents fiers, de devenir importants aux yeux des autres. Ils parlent de
leur MBA en mettant leur poitrine en avant, leur menton levé. « Parce que MOI,
JE… j’ai fait un MBA à la « Onestlesmeilleurs » Business School… ». Même pas un
applaudissement, la dure réalité c’est que les gens s’en foutent la plupart du
temps. Et même s’ils ne s’en foutent pas, même s’ils applaudissent… une chose
est certaine, ils ne vont pas payer pour voir leur diplôme.
Il faut donc avant de vous engager dans ce type de
démarche, que vous analysiez en toute honnêteté vos vraies raisons et
que vous soyez franc avec vous-même. Cherchez au fond de vous. Si vous avez
besoin de reconnaissance et si vous voulez l’acheter au prix d’un MBA, prenez
conscience que ce que vous allez faire n’est pas un investissement mais une
dépense, et à mon avis, une dépense qui ne vous apportera probablement pas
ce que vous cherchez.
- Des connaissances uniques
Si j’affirme qu’un MBA n’est pas un investissement
rentable, ça ne veut dire en aucun cas qu’il n’a aucune valeur. Les
connaissances qu’on en tire sont précieuses… pour l’entrepreneur. Mais
l’étudiant qui sort d’un MBA n’a presque aucune chance d’investir dans la
création d’une entreprise et le plus souvent il retrouve une place en tant que
cadre d’une entreprise où il ne peut pas laisser entendre qu’il pourrait en
savoir plus que son chef, sous peine de se prendre des bâtons dans les roues
dans sa carrière. Au contraire, il est limité au potentiel de son patron.
Par contre, les entrepreneurs malins qui ont confiance en eux investissent
en leurs propres business et se forment selon leurs besoins. Josh Kaufman
montre dans son livre et son manifeste « Personal MBA » comment on peut acquérir les mêmes
connaissances que dans un MBA en lisant autour de 100 livres de business, un
investissement de moins de 3 000 €. Un autre exemple est l’autoformation faite par Olivier Roland, qui s’est montrée
très rentable. En fait Olivier gagne plus que n’importe lequel de mes anciens
collègues de la business school . Tim Ferriss, auteur du
Best Seller « La semaine de 4 heures », affirme quant à la nécessité
d’avoir un diplôme d’une business school prestigieuse pour créer une muse
(business automatisé) qui marche : « J’ai été là, et j’ai vu la destruction ».
Moi aussi, je l’ai vue.
Il est donc plus rentable (financièrement et
personnellement) d’obtenir les connaissances dont on a besoin au moment où
on en a besoin. Et j’insiste sur le fait que ces connaissances sont
nécessaires, il ne faut surtout pas sous-estimer les conséquences de ne pas
connaitre ce qui touche à son business… mais il faut les obtenir de la façon la
plus rentable. Les grands gourous ont écrit des livres merveilleux, ils
synthétisent des années d’expérience en 200 pages qui coûtent €20. Vous
pouvez aussi lire les chroniques de ces livres sur ce blog, et ça ne vous
coûtera rien ! Harvard vend ses « business cases » à moins de U$ 10 sur son site
web. Des blogueurs professionnels proposent des formations de qualité bien ciblées à des prix
abordables. Formez-vous si vous en avez besoin, mais faites-le sur mesure
et en investissant d’une manière intelligente.
- Le réseau
Les gens imaginent certaines business
schools comme des clubs d’élite auxquels on peut seulement accéder en payant un
forfait très élevé. Une fois qu’on appartient au club, énormément de portes
s’ouvrent pour les membres. Mais c’est loin d’être comme ça. Si vous accédez à
un MBA, le plus probable sera que vous allez rencontrer beaucoup de gens très
intéressants… comme vous. Vous pourriez les rencontrer dans n’importe quelle
soirée, comme le reste des gens, sans avoir besoin de payer autant. Mais
vous me direz peut être que si vous aviez étudié à Harvard vous auriez
peut-être rencontré des génies comme Zukerberg, le créateur de Facebook. Et je
vous répondrais que si vous aviez suffisamment de connexions entre vos neurones
pour obtenir 750 points à votre examen GMAT et être admis à Harvard, en plus
des U$ 150 000 pour payer votre MBA, il se peut que vous n’ayez pas eu de toute
façon beaucoup de problèmes pour rencontrer qui vous voulez. Et si vous ne les
aviez pas, vous pourriez toujours rencontrer les gens qui vous intéressent en
demandant de les rencontrer, ce n’est pas plus compliqué que ça. Les gens
les plus intéressants sont ouverts à échanger avec des gens intéressants, ils
ne demandent pas un certificat pour ça.
En plus, les contacts qui vous seront les plus
rentables seront les contacts liés à votre projet professionnel. Il faut donc
que votre réseau soit ciblé, et je suis convaincue que l’on peut le construire
d’une manière intelligente. Je me suis servie du réseau de mon MBA, mais
j’aurais pu construire un réseau aussi efficace ailleurs (et gratuitement !)
Aujourd’hui, ça fait des années que je ne m’appuie plus sur le réseau du MBA,
mes contacts les plus pertinents tournent autour de mon projet professionnel
actuel. Et si vous pensez qu’en allant à la même école que celle des enfants
des gens au pouvoir vous appartiendrez au club, désolée de vous décevoir, si
vous n’y apparteniez pas avant d’aller à l’école, vous n’y appartiendrez pas
après. Si vous méritez de les rencontrer et de compter sur eux pour votre
projet professionnel, pas besoin de vous endetter, vous pouvez avec un peu
d’effort provoquer les rencontres dont vous avez besoin.
Une réflexion finale
Ces derniers temps, j’ai pris conscience des
scènes tristes auxquelles beaucoup de cadres, notamment les MBAs, sont
habitués. J’ai encore des frissons quand je me souviens du regard du président
de mon entreprise quand il m’a avoué qu’il n’avait pu voir ses enfants que 50
jours la dernière année. Nous étions par hasard face à face dans un restaurant
étoilé sur une île de Stockholm, suite à une réunion des filiales européennes.
Je sentais que le menu chic et l’extraordinaire vue sur la baie ne compensaient
pas. Je me souviens aussi de la façon irrationnelle avec laquelle un collègue
américain, MBA d’une très prestigieuse université des États-Unis, me demandait
de faire l’impossible. Il était minuit et nous étions avec d’autres collègues
face au temple de La Sagrada Familia, à Barcelone. Après 2 jours de réunions
non-stop suivies du diner d’affaires, j’ai pensé que, comme il n’avait jamais
été en Espagne auparavant, ça serait intéressant pour lui de faire au moins un
petit tour nocturne en taxi. « Peux-tu essayer de demander dans ta langue
qu’ils nous ouvrent les portes ??? Je ne serais probablement plus ici !!! » Il
était comme un enfant que l’on fait descendre du carrousel contre sa volonté.
Il avait pris conscience du monde merveilleux qui passait à ses côtés pendant
qu’il était au travail (presque tout son temps !).
La vie de beaucoup de MBAs ne leur appartient
plus. Ils voient passer le meilleur que la vie a à offrir par la fenêtre
d’un hôtel, d’un avion ou d’un train. Ils n’ont même pas conscience de ça,
ils ont accepté il y a déjà longtemps les règles du jeu. Le plus triste pour
moi c’est que beaucoup d’entre eux sont convaincus qu’ils doivent continuer à
travailler autant pour pouvoir payer la même éducation à leurs enfants. Moi,
j’ai été là, et j’ai vu la destruction. J’ai des plans pour changer de chemin,
j’ai des livres pour changer de vie, et je prépare pour mon fils une autre
éducation.
Mariana Zanetti., auteure du blog en espagnol www.dueno-de-mi-tiempo.com
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