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Jeff Bezos (né en 1964), Amazon.com : l’inventeur et le leader de l’e-commerce
De tous les sites pionniers du Net, combien existent encore aujourd’hui ?
Où sont passés les ambitieux créateurs de start-up qui se prenaient
pour les rois du monde et affolaient le Nasdaq à la fin des années 1990 ?
Parmi les marques Internet qui ont survécu à l’éclatement de la bulle
en 2000, AOL, le vétéran du Web créé en 1991, subsiste tant bien que mal
comme site d’information, et Yahoo! et eBay continuent à prospérer.
Mais aucune ne semble garder le même potentiel qu’Amazon. Accueillie
avec scepticisme lors de sa création (les analystes croyaient que sa
politique d’investissements tous azimuts allait provoquer sa perte), non
seulement elle affiche pour 2009 un chiffre d’affaires de 6,7 milliards
de dollars, mais son rythme de croissance (+ 114% de 2006 à 2009) reste
celui d’une start-up. Une réussite extraordinaire à mettre entièrement
au crédit de son fondateur, Jeff Bezos, considéré comme l’inventeur de
l’e-commerce.
Passion pour la physique. Le parcours de Bezos (qui doit son
patronyme à un beau-père d’origine cubaine) démarre comme celui d’un
geek. Au lieu d’aller jouer au hockey ou au basket avec ses camarades,
il développe à un âge très précoce un don pour le bricolage. A 5 ans, il
démantèle lui-même
son lit à barreaux avec un tournevis, à 10, il bidouille une alarme électrique pour empêcher ses frères et sœurs d’entrer dans sa chambre, reconvertie en laboratoire scientifique…
son lit à barreaux avec un tournevis, à 10, il bidouille une alarme électrique pour empêcher ses frères et sœurs d’entrer dans sa chambre, reconvertie en laboratoire scientifique…
Ce qui ne l’empêche pas de se révéler un élève brillant, dont les deux
passions sont la physique et les ordinateurs. Sorti de Princeton avec un
diplôme d’informatique et d’ingénierie électrique, il n’a aucun mal à
trouver un emploi : Wall Street recrute alors à tour de bras des
informaticiens pointus.
Bezos travaille un temps pour Fitel, une start-up qui veut créer un
réseau de télécommunications destiné aux transactions monétaires, puis
pour une grosse institution financière, avant de se retrouver chez D. E.
Shaw, un fonds spéculatif où ses talents lui valent d’être rapidement
promu au grade de vice-président. Mais cette belle carrière au royaume
de la finance prend fin lorsqu’une simple lecture change soudain le
cours de son existence.
Siège à Seattle. Nous sommes en 1994, Internet en est à ses
balbutiements. On dénombre à peine 500 sites et le commerce en ligne
n’existe pratiquement pas, en dehors des transactions entre grandes
entreprises. C’est alors que Bezos tombe par hasard sur une étude
évaluant le taux de croissance d’Internet à 2 300% par an. Réalisant la
potentialité commerciale qu’offre ce nouveau secteur, il dresse
méthodiquement la liste des 20 produits les mieux adaptés à la vente en
ligne : ceux pour lesquels Internet apporterait un plus
par rapport à la distribution traditionnelle.
par rapport à la distribution traditionnelle.
Le livre arrive en tête, devant la musique, les vidéos, les ordinateurs
et les logiciels. Pourquoi le livre ? Parce que, pour ce produit, aucun
catalogue de vente par correspondance ne serait satisfaisant, les
références étant trop nombreuses. De plus, le Web offre la double
possibilité de créer une offre bien plus vaste que celle des librairies
et de contacter un nombre illimité de clients en puissance.
Restent à régler les questions logistiques (stockage, acheminement…), la
réussite de l’entreprise reposant en grande partie sur la brièveté du
délai entre la commande et la livraison. Bezos choisit logiquement
d’installer son siège à Seattle, où se trouve le plus important
grossiste en livres des Etats-Unis, Ingram Book. Accessoirement, cette
ville offre un vivier d’informaticiens talentueux que Bezos s’empresse
de débaucher.
Le 16 juillet 1995, le site ouvre. Son nom ne doit rien au hasard :
l’Amazone est le fleuve du monde qui a le plus gros débit et il compte
une infinité d’affluents. Or Amazon.com ambitionne d’offrir le plus
grand choix et d’explorer toutes les branches potentielles de
l’e-commerce.
Au début, un modeste local de deux pièces meublé de tables en bois fait
office de bureaux. Le financement : 900 000 dollars, dont le tiers
provient des économies des parents de Bezos. «Nous n’avons pas misé sur
Internet, confiera sa mère lorsqu’elle sera devenue milliardaire, nous
avons misé sur Jeff.»
La campagne de lancement ? Bezos demande à 300 amis et connaissances de
tester le site et de faire fonctionner le bouche-à-oreille. Le buzz se
répand. Le premier mois, des clients passent commande dans 45 pays, le
deuxième, les ventes atteignent 80 000 dollars. Très vite, les
espérances les plus folles de l’entrepreneur sont dépassées.
Livres épuisés ou anciens. Mais le succès d’Amazon n’est pas
seulement celui d’une bonne idée mise en œuvre au bon moment. Jeff Bezos
comprend dès le départ qu’il ne doit pas se focaliser sur la technique
et que le cœur de son métier est la qualité du service apporté au
client. Pour l’améliorer, il investit sans cesse dans les
infrastructures logistiques, le suivi des livraisons et le service
après-vente.
Il augmente aussi le choix de titres épuisés ou anciens en ouvrant son
site à d’autres vendeurs qu’Amazon, et cultive la transparence en
publiant les critiques de la presse et des internautes. Enfin, il
personnalise son offre en proposant aux clients une sélection d’ouvrages
en fonction de leurs commandes précédentes. Toutes ces innovations ont
pour but de gêner l’émergence de concurrents capables de lui ravir des
parts de marché.
Dès 1997, Bezos va plus loin, en annonçant son intention de transformer
«la plus grande librairie sur la terre» en «plus grand magasin sur la
terre». On le prend pour un cinglé. Mais Amazon vend aujourd’hui des
écrans plats, des GPS, des téléphones, des meubles, des jouets, des
cosmétiques, des bijoux… Dernier challenge en date pour le génie de
l’e-commerce : la bataille entre Amazon et Apple dans le secteur du
livre électronique. Kindle contre iPad, Bezos versus Jobs : les paris
sont ouverts.
Julie Noesser
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